ELORA WEILL-ENGERER

Critique d’art, membre de l’ AICA

Commissaire d’exposition de la CEA

Historienne de l’art

Membre de Contemporaines

Elora Weill-Engerer et Virginie Hucher

TEXTES

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Âmes de formes

Symbole

La nature est un talisman

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Âmes de formes (2022)

Derrière des formes, des fonds organiques, travaillés par jus de peinture et frottements. Les aspérités leur donnent un aspect tumultueux et lyrique qui contraste avec les entités qu’ils accueillent. Comme des vagues ou des sables mouvants, ils bougent et se dispersent. Ils pourraient s’évaporer complètement si les motifs de lignes ou de grillages ne les arrimaient au réel de la toile. La grille est frontale et elle est neutre. Chez les théoriciens de la Renaissance, la grille est utilisée comme système pour construire l’image en perspective. Dans un texte célèbre, « Grids », publié en 1979 dans la revue October (n°9), Rosalind Krauss analyse dans le motif de la grille les contradictions entre, d’une part, la forme pure et essentiellement moderne et, de l’autre la rémanence d’une fenêtre symboliste qui, selon elle, « se fait passer pour un traité d’optique ». Elle écrit : « Le pouvoir mythique de la grille tient à ce qu’elle nous persuade que nous sommes sur le terrain du matérialisme (parfois de la science, de la logique) alors qu’il nous fait en même temps pénétrer de plein pied dans le domaine de la croyance. » Cette association des opposés est intrinsèque au travail de Virginie Hucher. La grille, en l’occurrence, relève autant d’une pure immatérialité que d’un rattachement au textile, à l’artisanat voire à la parole et au féminin. Répétée en all-over, elle allie une logique quasi mathématique et un espace-temps poétique. Aucune volonté, dans cette pratique, de choisir qui, du sacré ou de la matière, aura le dessus sur l’autre. Au milieu de ces fonds quadrillés, centrées sur la toile comme des talismans, les formes de Virginie Hucher sont pleines et arrondies, tout en étant pénétrées de manière récurrente par des encoches plus ou moins profondes. Ces parties doucement évidées semblent fournir un terreau fertile à toute chose qui pourrait s’y glisser. Une chose aveugle est en train de creuser sa galerie dans ce qui apparaît être des embryons de limons ou de sillons, c’est-à-dire une forme naturelle chantournée propice à nourrir le vivant. Rétractiles comme des cornes d’escargot, ces entités sont dans le même temps tournées vers l’extérieur : elles tendent leurs appendices vers les bords de la toile et se démultiplient en une, deux ou trois, selon un principe de division cellulaire ou de parhélie, phénomène atmosphérique optique dans lequel le soleil devient double ou triple. L’absence d’échelle ne permet pas de trancher sur la nature de la vision. D’un ordre à la fois microcosmique et macroscopique, il s’agit plutôt ici d’une cosmogonie picturale où la peintre ne tente pas tant de représenter la nature que les phénomènes qui la sous-tendent. " Pour peindre un arbre, deviens cet arbre " dit Virginie Hucher. " Si tu souhaites montrer cette feuille, sens la sève qui la fait grandir ". Animisme pictural, pourrait-on dire. D’autant que les formes se retrouvent identiques à elles-mêmes d’une toile à l’autre : si ce qui les entoure ne cesse de se transformer, elles conservent pour leur part la même « âme », comme si la métempsycose n’était pas le propre des êtres vivants mais pouvait également s’accorder aux formes géométriques. Suivant cette pensée, le dualisme qui oppose le corps et l’esprit, le sacré et le réel, le spirituel et le matériel parcourt autant l’abstraction que la figuration. Les formes abstraites, elles aussi, sont animées et agissantes et, elles aussi, sont constituées de matière autant que de lignes. En témoigne la plastique quasi sculpturale de l’artiste qui tend à troquer son pinceau pour des outils non traditionnels, - des bâtons, des ustensiles ou la main et l’avant-bras - qui grattent la surface picturale et la chargent d’une force prophylactique, c’est-à-dire protectrice. Ces formes abstraites sont douées de vie.

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Symbole (2022)

Peindre le tableau et seulement après en comprendre la symbolique. Qu’est-ce que cela signifie ? D’une part, que le peintre est autant interprète que le regardeur. De l’autre, que le premier, pas plus que le second, n’a la conscience claire et présupposée du sens de ce qui va être peint. Surtout, l’interprétation a posteriori porte à croire que le symbole a un ancrage sensible et concret dans l’imaginaire collectif et que ce qui est créé de manière intuitive a un fondement objectif qui ne se sait pas immédiatement en tant que tel. Comme Hermès, le messager des dieux (que l’on retrouve dans le terme « herméneutique »), l’interprète s’interpose entre (« inter ») une chose ou un être et l’autre. Lorsque Virginie Hucher dit peindre un tableau pour ensuite en rechercher le sens, tout porte à croire que la clé du symbole a été déposée dans l’esprit de l’artiste, alors elle-même médiatrice. Le signe est compris après-coup pour révéler ce qui est déjà là. De fait, la pratique artistique serait essentiellement anachronique : le symbole a des racines profondément ancrées dans le corps et il ne s’agit pas tant de peindre pour montrer le symbole que de peindre pour le voir. Peut-on, en suivant une logique similaire, interpréter l’œuvre en prenant pour fondement ce que l’artiste était avant de la faire ? Serait-ce une hérésie que d’étudier le travail artistique à l’aune d’une pensée magique de la prédisposition ? Par exemple, que dit le nom de l’artiste de son travail et serait-ce possible de déceler par l’ aptonymie et l’ onomancie des éléments d’interprétation d’une pratique picturale ?

 

Onomancie

Forme de divination utilisant les lettres du nom ou prénom de quelqu’un, l’onomancie est notamment utilisée dans l’Antiquité par les Grecs et les Romains qui attachent un grand soin au symbolisme des noms. Le nombre de voyelles et la numérologie associée, par exemple, prédisent ou dévoilent un certain nombre de phénomènes attachés à la personne. « Hucher », en l’occurence, donne le 9 comme chiffre d’hérédité, plaçant le nom sous le signe de la recherche et de la générosité. Il annonce une énergie solaire et un appétit d’idéal. Il lie également le natif à un système en mouvement qu’il puise dans la nature. La plastique de Virginie Hucher serait en adéquation avec ce chiffre : trouver dans toute forme du vivant la chorégraphie de la nature qu’il s’agira de retranscrire sur la toile est un leitmotiv car, ici, chercher importe plus que trouver.

 

Aptonymie

Un aptonyme est un nom de famille possédant un sens lié à la personne qui le porte, en particulier en lien avec ses activités. Les « Hucher » ont certainement été nommés ainsi car occupant une position de valet ou de postillon lors de l’appel de la chasse (« hucher » veut dire « appeler pour donner sa position » et indique par métonymie le cornet de chasse) mais aussi pour leur activité de sculpteurs de mobiliers d’églises. Quant au verbe « se hucher », il signifie « se percher, se jucher sur quelque chose ». Dans le premier cas, c’est la voix qui porte au loin, dans le second, c’est soi-même qui est hissé en hauteur. Ce nom de famille peut également venir de la confection de huches, que celles-ci soient pour la conservation du pain ou qu’elles désignent le coffret central d’un retable d’église. Les huches sont donc des objets de protection, de même que les huchettes, qui cachent les meurtrières des châteaux. Et quel serait le lien entre ces différents sens ? Peut-être une étymologie hasardeuse, huc, signifiant « ici », montrerait qu’il s’agit dans chaque cas d’indiquer la présence de quelque chose ou de quelqu’un. Si, avec l’ aptonyme, l’identité très concrète qui marquait jadis le nom se transmettait effectivement dans les gènes, alors le travail de Virginie Hucher - selon le double sens de travail : activité et production - serait empreint de cette hérédité : l’appel, la protection, le céleste et tout signe indiquant une présence.

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La nature est un talisman (2020)

Virginie Hucher est une artiste française diplômée en arts plastiques. Après une formation dans divers ateliers marquants (Michel Gouéry, Bruno Lebel, Marc Alberghina), elle développe une esthétique majoritairement abstraite dans des formes qui lui sont propres. Fine coloriste, son travail porte sur des thématiques liées à la nature, au corps et au vivant à travers plusieurs médiums : acrylique, huile, performance, sculpture.

Matisse a souvent rappelé son besoin d’exprimer dans ses peintures « le sentiment pour ainsi dire religieux qu' [il] possède de la vie » (1). Admiratrice du peintre, Virginie Hucher ne cache pas l’origine organique de ses oeuvres, pourtant bien abstraites. Les masses colorées sont centrées sur la toile, dûment délimitées en d’étranges formes qui échappent à la géométrie classique. Ces éléments souvent seuls dans l’espace, obéissent à un rapport de vide-plein cher au taoïsme. Les fonds sont aussi neutres que les figures sont pleines et aucun détail superflu ne vient perturber leur unité. Sous des coloris harmonieux et chatoyants, c’est bien la nature qui inspire. Virginie Hucher n’hésite pas à définir sa démarche artistique sous les auspices d’un engagement en faveur de la protection de l’environnement, de la faune, de la flore et de la vie sur Terre. Ces hybridations organiques, végétales, ou minérales, forment un moyen pour l’artiste de se limiter à l’essentiel. « Corps premiers » pour reprendre la périphrase de Lucrèce dans le De rerum natura, elles jouent sur l’absence d’échelle pour aborder un travail de microcosme dans le macrocosme. Voyons-nous les derniers ou premiers organismes de notre planète ?

L’apparence formelle de ces pseudo-monades n’est ainsi pas incompatible avec l’élan vital les précédant. « La nature est écrite en langage mathématique », rappelle l’aphorisme de Galilée. Quelques siècles auparavant, la tradition voulait que l’Académie de Platon fût gravée de cette injonction : « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre ». La Géométrie, pour l’auteur, correspond à la capacité d’abstraction du penseur, son aptitude à dépasser le stade des sensations pour s’élever jusqu’à l’intelligible pur (le monde de l’esprit). De là, se pose une question : ces formes sont-elles vraiment des abstractions ? Loin de la frontière entre abstraction et figuration, somme toute relative et construite par l’histoire, on voit bien que la réalité est là, inscrite dans des figures abstraites. Les titres, aussi, rappellent à l’ordre de la réalité. La forme, si elle vient de la nature, s’en émancipe, s’en ab-strait, précisément. L’ « abstraction », c’est ce qui est « tiré de ». On ne s’étonnera donc pas davantage de retrouver un système représentationnel dans les gammes de couleurs utilisées : vert/nature, ocre/terre, bleu/ciel etc. Ces nuances peuvent ainsi faire écho aux systèmes synesthésiques entre les formes, couleurs et émotions développés pas les artistes de l’avant-garde historique. Kandinsky, dans Du Spirituel dans l’art, définissait la couleur en tant que nécessité intérieure, résultat de l’accord entre les éléments naturels et les mouvements de l’âme. Les teintes de Virginie Hucher, limitées généralement à deux, montrent la conscience qu’a l’artiste-coloriste de la couleur comme accord de deux tons, dont la beauté se révèle comme un principe dialectique. De la technique, aussi, vient la patine particulière. Virginie Hucher tire les propriétés de ses médiums comme de ses inspirations : l’acrylique ou l’huile, peu dilués, parfois utilisés ensemble. Très matiérés, les coups de pinceaux ne s’adonnent pas à l’aplat : à l’intérieur de la forme, les possibilités de vibrations sont vastes. La céramique offre, elle, une troisième dimension à son diaporama de formes. Dans le modelage comme dans la peinture, l’artiste n’hésite pas à montrer la « facture », le processus de l’oeuvre en train de se faire, renforçant une certaine autonomie de la figure. Le théoricien Adorno a souligné la dimension spirituelle à l’oeuvre dans cette forme de création : « Les oeuvres totalement organisées, péjorativement appelées formalistes, sont les plus réalistes dans la mesure où elles sont réalisées en soi et que seul leur contenu de vérité permet cette réalisation, réalise leur caractère spirituel, au lieu, simplement, de le signifier » (2). L’autonomie de l’oeuvre est d’autant plus importante que l’artiste conçoit la solitude comme un principe de création, à l’amont d’une prise de conscience sur le monde et du travail spirituel. Le voyage est long pour arriver à ces formes simples. Si l’artiste substitue souvent des objets trouvés dans la nature, des outils de bricolage ou même sa main et son avant-bras au pinceau, l’effet s’en ressent autant dans la matière que dans le rituel de création. Issue d’une famille de chorégraphes, elle-même danseuse, Virginie Hucher dessine avec le corps sur le sable, la neige, ou l’eau dans des sortes de performances où les « supports vivants » sont là pour exalter la forme. D’une manière similaire, c’est en bougeant et non assise à son chevalet que l’artiste peint, dans un geste-magie qui donne aux masses colorées une dimension talismanique. Celle qui aime voyager dans le Grand Nord, n’a peut-être pas été hermétique à l’influence du chamanisme amérindien qui considère que le pouvoir provient de l’intérieur de chaque chose, aussi petite soit-elle. Amulettes écologiques ou géométries séduisantes ? Dans sa démarche artistique, Virginie Hucher aime rappeler la notion de mystère qui fait du moment présent le premier principe créateur.

1 .Henri Matisse, Ecrits et propos sur l’art, ed. Dominique Fourcade, Paris, Hermann, 1972, p.49.

2.Theodor W. Adorno, Vers le contenu de vérité des oeuvres d’art in Théorie esthétique, trad. Marc Jimenez, Paris, 1974, p.174.


The spirit within shapes and forms (2022)

Behind the shapes there are organic backgrounds consisting of glazing and rubbed/scraped surfaces. These rough surfaces give them a tumultuous and lyrical aspect which contrasts with the definitive shapes they surround. Like waves or quicksand, they move and disperse. They could disappear completely if the composition of lines or grids do not tie them to the existence of the canvas. The grid is frontal and neutral. Among Renaissance theorists, the grid was used as a system of constructing the perspective image within a rectangle. In a famous text, “Grids”, published in 1979 in the magazine October (n°9), Rosalind Krauss analyzes the contradictions within the motifs of the grid with, on the one hand, its pure and essentially modern form while and on the other hand, retaining the existence of symbolist art in the form of windows which, according to her, impersonates “a parading in the guise of a treatise on optics”. She writes: “The grid’s mythic power is that it makes us able to think we are dealing with materialism (or sometimes science, or logic) while at the same time it provides us with a relief into belief.” This association of opposites is inherent in Virginie Hucher’s work. The grid, in this case, is as much a matter of no importance as it is a connection of the canvas itself and to craftsmanship, if not in word and her femininity. Repeated again and again, it combines a quasi-mathematical logic as well as a poetic sense of space and time. In this way, there is no desire to choose between the beliefs or reality. Centred on the canvas via these gridded backgrounds like talismans, Virginie Hucher’s shapes within these squares are full and curvaceous, while being frequently invaded by more or less deep notches. These gently hollowed parts seem to provide a highly productive ground for anything that might want to slide into them. A blind thing is digging its hole in what appears to be the embryonic consistency of silt, that is to say an organically formed entity conducive to nourishing the living. Retractable like snail tentacles, these entities are at the same time turned outwards. They extend their appendages towards the edges of the canvas and multiply into one, two or three, according to the principle of cell division or parhelion, an atmospheric optical phenomenon caused by the refraction of sunlight that consists of a bright spot to one or both sides of the sun. The absence of scale does not allow us to decide on the nature of what we are seeing, of an order that is both microcosmic and macroscopic. It is rather a pictorial notion of the universe where the artist does not attempt to represent nature so much as the phenomena that underlines it. “In order to paint a tree, first become that tree”, says Virginie Hucher. “If you wish to represent a leaf, smell the sap that supports its growth.” Animism imagery, one might say, especially since the shapes are identical from one canvas to another. If what surrounds them continues to evolve, the shapes themselves retain the same “spirit”, as if the movement of one spirit to another was not specific to living beings but could also apply to geometric forms. Following this thought, the dualism which spreads out between the body and the spirit, the believing and the reality, the spiritual and the material runs through both abstraction and figuration. The abstract forms, too, are animated and effective and they also are made up of solid shapes as much as lines. This is evidenced by the almost sculptural practices of the artist who reaches out to non-traditional tools such as sticks, utensils, her arm and forearm. By scratching away at the painted surface, she charges it with a protective force. Virginie Hucher’s abstract forms are endowed with organic life.

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Symbolism (2022)

To paint a picture and only then be able to fully understand its symbolism. What is the meaning that lies behind that activity ? On the one hand, that the painter is as much an interpreter as the viewer and on the other, that the painter has a clear and presupposed awareness of the meaning of what he or she is about to paint. Above all, this retrospective interpretation leads us to believe that the symbolism has a sensitive and effective attachment to the collective imagination. That what is created intuitively has an objective foundation which is not immediately recognised as such. Like Hermes, the emissary and messenger of the gods (who is associated with the word “hermeneutics”), the interpreter positions herself between an object or a being and a viewer. When Virginie Hucher states she paints first and only then searches for a meaning, everything suggests that the symbol's message was placed in her mind therefore making her the mediator of the message. The symbol is understood only later, when revealing what was already there. Indeed, this artistic practice would be essentially anachronistic : the symbol having deep roots in mind and body. It is not so much a question of representing it but revealing it. Following a similar logic, can we understand the result by considering what the artist thought before doing the work. Would it be wrong to study artistic practices in terms of the process of magical thinking ? For example, what does the artist’s name say about her work ? Would it be possible to interpret a pictorial practice through aptonymy and onomancy ?

Onomancy

A form of discovery which uses the letters in someone's given name, onomancy was particularly used during ancient times by the Greek and Romans who attached great importance to the symbolism of names. For instance, the number of vowels and their associated numbers in the alphabet were known to predict or reveal a certain quantity of characteristics linked to a person. ‘Hucher’ reveals 9 as one hereditary number, placing the name under the sign of research and generosity. It proclaims energy influenced by the sun and an appetite for the ideal. It also links the name bearer to a natural movement interaction. Virginie Hucher’s work is aligned with this movement, discovering in all forms of life the choreography of nature that will then be transposed to canvas and become a leitmotif when the searching becomes more important than the finding.

Aptonomy

An aptonym is a personal surname aptly suited to its owner, particularly in relation to their occupations. The “Hucher” were apparently named as they occupied the position of valet or postillion during a hunting season. “Hucher” means to “indicate one’s position” by using a hunting horn. It also has meaning for their activity as sculptors of church furniture. As for the verb “se hucher”, it means “to perch” in French. In the first case, it is using the voice or hunting horn that carries long distances, in the second, it is one's own being which is lifted up to a position of power. The name could also stem from the word ‘hutches’ or small houses, which are used for storing bread or being the central space found within a church altarpiece. Hutches are therefore areas of protection, as were hutches that would shelter arrow slits in medieval castles. What could be the link between these different meanings ? Perhaps ‘huc’, an uncertain study of words meaning ‘here’, would show that in each case it is a question of indicating the existence of someone or something. If as aptonomy explains, the actual meaning which was derived from the name was genetically transmitted, then Virginie Hucher’s work - as defined via its double meaning of work, activity and production - would be imbued with the following heredity, the calling, the protection, the searching and any symbol indicating a presence.

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Nature is a talisman (2020)

Virginie Hucher is a French artist with a degree in the visual arts. After training in the various well known studios of Michel Gouéry, Bruno Lebel, Marc Alberghina, she developed a predominantly abstract aesthetic of forms that are her own. Utilising colour, her work focuses on themes linked to nature, the body and life, through several mediums: acrylic, oil, performance and sculpture.

Matisse often referred to his need to express ‘his religious awe towards life’ (1) through his artwork. Similarly as an admirer of Matisse, Virginie Hucher does not hide the organic origin of her work, even though her work could be considered abstract. The coloured masses are centred on the canvas, defined by unusual shapes which escape classical geometric rules. These shapes, often alone on the canvas, share a close link with Taoist philosophy of both fullness and emptiness. The backgrounds are as empty as the shapes are full and no superfluous detail disturbs their unity. The utilisation of well matched and autumnal colours prove nature to be the main inspiration. Virginie Hucher does not hesitate to define her artistic approach as a commitment to protect the environment, fauna, flora and life on Earth. These organic, plant or mineral blendings form a way for the artist to limit herself to the fundamentals of her expression. As ‘primary particles’, to use Lucretius’ roundabout way of speaking in De rerum natura, they play on the absence of scale observed by the work of microcosm within macrocosm. Do we see the last or first living evidence on our planet ?

The formal appearance of these false-single cell organisms is therefore not incompatible with the vital impulse preceding them. ‘Nature is written in mathematical language’, recalls Galileo’s definition. A few centuries earlier, tradition decided to inscribe Plato’s Academy with the following order : ‘Let no one ignorant of geometry enter’. For Plato, geometry matches the thinker’s capacity for understanding abstraction; his or her ability to go beyond the realm of sensation and rise to the intelligible and the world of pure intellect. From this point a question arises; are these shapes really abstractions ? Far from the historical and relative theory, that there is a demarcation line between the abstract and the figurative, we can clearly see that a sense of the figurative is being used within the abstract shapes. The titles, also, are a reminder of the litteral. Form or shape, if it comes from nature, frees itself and precisely abstracts itself. ‘Abstraction’, is the process of ‘taking away’. We will therefore not be surprised to find a representational or figurative system within her preferred colour range : green/nature, ochre/earth, blue/sky etc. In that respect, these nuances echo the ‘bringing together’ system found between shapes, colours and emotions - a theory developed by the historical avant-garde movement.

Kandinsky, in ‘Concerning the Spiritual in Art’, defined colour as an inner necessity, the result of the agreement between the natural elements and the emotions of the soul. Virginie Hucher’s colour range, generally limited to two, show the artist’s awareness of colour as a contract of dual tones, the beauty of which reveals itself as a dialectical principle. From her technique too, comes the particular surface treatment she uses. Alongside her other sources of inspiration, Virginie Hucher draws insight from the properties of her mediums : acrylic or oil paint, slightly diluted and sometimes combined to a very textured surface. Her brushstrokes veer away from flatness and within each shape, the vibrational sensations are enormous. Her ceramics offer a third dimension to her slideshow of shapes. Similarly, as with her paintings, the artist does not hesitate to disclose the method used within her shaping process when working, thereby underlining a certain completeness of the visible form. The spiritual dimension at work in this form of creation was underlined by the theorist Adorno as follows : ‘Art is mediated in spirit - the element of rationality - in that it produces its enigmas mimetically, just as spirit devises enigmas, but without being capable of providing the solution; it is in art’s enigmaticalness, not in it’s meanings, that spirit is manifest ’. (2) The singular authority of the work is all the more important as the artist believes working alone is a principle of creation, becoming aware of the world and the spiritual work within it. The search is all consuming in order to understand these simple forms. If the artist decides to substitute her brushes for tools or objects found in nature and perhaps even her arm and forearm, the result is felt as much in the choice of the material, as in the ritual of creation. Growing up within a family of choreographers and herself being a former dancer, Virginie Hucher uses her body to draw on sand, snow or water. By doing this, she creates performances where ‘living media’ is there to honour the shape and the form. In this way, as opposed to sitting behind her easel, the artist ‘paints’ by moving about, through a magically-inspired gesture that gives the coloured shapes and forms a talismanic dimension. As someone who enjoys traveling in North America and Canada, she may not be immune to the influence of Native American shamanism, which believes that power derives from every living particle, no matter how small. Ecological amulets or seductive geometrics ? Virginie Hucher likes to bring to mind through her artistic approach, the mysterious idea that makes the ‘now’ of the execution the first principle of creativity.

1 .Henri Matisse, Ecrits et propos sur l’art, ed. Dominique Fourcade, Paris, Hermann, 1972, p.49.

2.Theodor W. Adorno, On the Truth content of Art Works in Aesthetic Theory, 1970. Translated by Robert Hullot-Kentor, 1997, p.152.

Traduit du français par Alexis Tuersley